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Jean-Marc Acquaviva : « Pas question d'un Rallye de Balagne au rabais »


Jean-Paul-Lottier le Lundi 25 Janvier 2016 à 18:18

L’article concernant l’avenir incertain du Rallye automobile de Balagne paru sur CNI le 21janvier 2016 a suscité de nombreuses réactions dans le milieu du sport automobile et chez les amateurs de sports mécaniques très attachés à cette épreuve automobile qui fait la fierté de toute une microrégion. Sans le moindre détour et avec beaucoup de lucidité, Jean-Marc Acquaviva, cheville ouvrière de la Scuderia Balanina nous fait part des difficultés et des contraintes qui sont auxquelles doivent faire face les organisateurs de ce rallye tant sur le plan financier que humain.



Jean-Marc Acquaviva : « Pas question d'un Rallye de Balagne au rabais »

Dans l'édito du 18e Rallye Automobile de Balagne, par la voix de Jean-Marc Acquaviva, le bureau de la Scudéria Automobile de Balagne dressait un tableau idyllique de cette manifestation phare, tout en ajoutant que l'image était en trompe l'oeil.
« A cela plusieurs raisons : baisse des aides publiques, recul des partenaires privés, érosion des bonnes volontés vau sein même de la Scuderia et son environnement, absence de relève, désintérêt ambiant, sur fond de morosité économique et sociale.... »
Et de terminer : «  Disons-le très clairement, le Rallye de Balagne n'est en aucun cas un acquis pour qui que ce soit, ni un dû. Chaque année il doit se construire et s'en donner les moyens. Tous les Balanins sont concernés et non simplement une poignée d'entre eux. Nous espérons que cette mise au point, relayée par les 7000 exemplaires de ce livret programme aura créer l'effet bénéfique dont cette manifestation a besoin ».

 

Cette réalité que certains feignent d'ignorer sur les réseaux sociaux de manière peu académique est pourtant bien là.
Contacté par nos soins, Jean-Marc Acquaviva, cheville ouvrière de la Scudéria, confirme ses craintes de novembre dernier :
«  Pour l'heure, les finances sont toujours dans le positif et nous n'avons pas de problèmes, mais dans la logique, il est clair que si nous poursuivons dans cette voie nous en aurons dans un avenir très proche. Depuis 2013, nous prenons le gîte et la situation se dégrade. Il y a urgence à se mettre autour d'une table et à réfléchir à trouver une solution. Parmi celles-ci, l'idée de faire l'impasse sur une année est envisageable, même si personne ne la souhaite.
Cette expérience nous l'avons connue après la finale de la coupe de France des rallye que nous avions organisé. Cet arrêt de 22 mois nous avait permit de reprendre notre souffle et de nous remettre au travail l'esprit tranquille.

 

Ce qui est certain, c'est que nous n'irons pas dépenser l'argent que nous n'avons pas. Il est hors de question de nous mettre dans le rouge .
Il faut savoir que le Rallye de Balagne représente aujourd'hui un budget de 100 000€ contre l'équivalent de 37 000€ en 19997. A cette époque, l'engagement fixe imposé par les instances nationales était de 470€ contre 550€ aujourd'hui. Pour bien faire, il faudrait comme chez le médecin que l'on soit autorisé à un dépassement d'honoraires . Sur le continent, les engagements des pilotes représentent les bénéfices pour l 'organisateur, ce qui est loin d'être le cas chez nous.

 

Lors de la dernière édition le montant des engagements était de 55 000€. Il restait donc 45 000€ à combler. La Municipalité de l'Ile-Rousse nous a octroyé une subvention de 9000€ et celle de Calvi de 4000€. La plaquette que nous réalisons est elle à la baisse avec moins 25% (250 annonceurs en 2013, 180 en 2015. Le Conseil Départemental ne nous verse plus de subventions depuis plusieurs exercices. Il fut un temps où l'on pouvait générer des recettes avec l'organisation de loto, tombola, buvette, bal et autres. Aujourd'hui ce n'est plus vraiment le cas.Ce qui était jouable hier ne l'est plus aujourd'hui

 

Pour cette édition 2015, ce qui nous a fait du mal, c'est le changement de date au calendrier imposé pour X et X raisons. En novembre, nous nous sommes retrouvés en concurrence avec des rallye continentaux, ce qui n'est pas le cas en décembre. J'ajouterais qu'en Corse, il y a malheureusement beaucoup trop de rallyes proposés ».

 

Pas question d'un rallye au rabais
Jean-Marc Acquaviva revient ensuite sur les raisons de ce climat ambiant qui assombrit quelque peu l'avenir.
« Dans l'organisation comme la notre, il y a des dépenses qui sont incontournables et qui de surcroît augmentent d'années en années, notamment en matière de sécurité.
Il faut savoir aussi que l'organisation d'un rallye sur trois jours implique que nous fassions appel à des commissaires du continent et que cela grève un peu plus le budget.
Certes, nous pourrions proposer un rallye au rabais mais ça n'aurait aucun sens.
L'idéal pour nous serait d'avoir une augmentation conséquente des engagements mais aussi je le répète de faire rentrer de l'argent en multipliant les interventions, mais pour cela il faut du monde.
Et, comme chacun le sait le bénévolat a ses limites. Il est clair que pour les quelques sexagénaires que nous sommes, le peu d'engouement des jeunes pèse et que nous commençons a en avoir ras-le-bol ».

 

La meilleure entente avec l'ASA Corsica
Enfin, dernier point abordé, celui d'une éventuelle séparation avec l'ASA Corsica préconisé par certains :
«  C'est vrai que ce chapitre nous a sérieusement chagriné. Je tiens ici à dire de la façon la plus nette qu'il n'en est pas question. Nos rapports avec l'ASA Corsica sont complices et excellents. Pierre Boï est un homme remarquable qui vit pour le rallye et qui aime la Balagne. En plus, l'ASA Corsica est la plus performante de Corse. Cette idée de Scudéria transformée en ASA relève de la fiction. Nous n'en avons ni la prétention, ni la compétence et encore moins les moyens ».
Et de conclure :
D'ici quelques semaines nous allons réunir le bureau afin de voir tous ensemble si des bonnes volontés acceptent de s'investir à nos côtés mais je le répète très clairement, aujourd'hui nos finances sont encore dans le positif et il est hors de question de prendre des risques inconsidérés. Nous poursuivrons si nous en avons les moyens".